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“En Suisse, les autorités n'ont pas une grande considération pour le livre”

Updated: Jul 9, 2020


Ivan Slatkine directeur éditorial des éditions Slatkine et président de la fédération des entreprises romandes a pu nous donner un aperçu du quotidien pas tout à fait confiné du marché de l’édition suisse.








Le marché de l'édition Suisse


Un confinement mis en place le 17 mars soit trois jours après la mise en quarantaine française. Avec la fermeture des librairies considérées, là aussi, comme un commerce non essentiel, c’est l’ensemble du marché éditorial suisse qui a été complètement paralysé. Plus de 90 % des ventes s’effectuent en effet en boutique, ce qui permet encore une fois de rappeler que « le livre est un métier de commerce et depuis le 17 mars on a pu le constater ».

Cependant en Suisse la mise en confinement est moins rigoriste qu’en France, on parle même de semi-confinement. Les entreprises n’ont ainsi pas toutes arrêté de travailler, et les libraires avec un site internet ont pu continuer à être fournies par des distributeurs et poursuivre partiellement leur activité. La demande en livre peut donc être en partie satisfaite, mais le marché tourne à 10 % de son potentiel.

Quand aux aides du gouvernement suisse pour la culture le sujet est complexe, car « en Suisse le livre n’a pas une grande considération de la part des autorités ». Il n’est ni considéré comme un bien essentiel ni même comme un bien culturel. Les libraires et éditeurs sont considérés comme des vendeurs standards et ne semblent pas devoir bénéficier des programmes d’aide à la culture.

Le 27 avril un premier « dé-semi-confinement » va être mis en place, et cela ne se fait pas sans questions, notamment autour de la concurrence des libraires avec les grosses enseignes alimentaires.

L’avance du déconfinement suisse sur le déconfinement français pourrait permettre, selon Ivan Slatkine, aux petits éditeurs romands de devancer les grosses productions francophones qui vont arriver avec l’ouverture des marchés en France, et ainsi rendre plus visible des ouvrages moins plébiscités. Car le redémarrage ne se fera pas sans heurt, et il est à craindre que les libraires, marqués par la crise, privilégient les grosses maisons d’édition dans leur mise en avant de nouveautés. Ce confinement en avance sur l’hexagone n’est pas non plus un complet motif de réjouissance puisque 50 % du chiffre d’affaires des éditions Slatkine se fait en France.

Fort de sa casquette de président de la fédération des entreprises romandes, l’éditeur peut également attester du choc extrême que représente la crise actuelle pour énormément de PME. La complexité du système décentralisé de la Suisse laisse ainsi beaucoup de commerçants et de chefs d’entreprises dans le flou concernant leur droit à des indemnités.

Cependant comme le rappelle Ivan Slatkine, « comme ça a toujours été le cas en Suisse on est dans le dialogue » le déconfinement se fera aussi vite que possible et aussi lentement que nécessaire.



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