Zurich (awp) - La culture de l'Etat en Europe constitue un "immense avantage" pour l'Europe en cette période de crise du coronavirus. C'est ce que pense Philipp Hildebrand, ancien président de la Banque nationale suisse (BNS) et actuel vice-président de Blackrock. Dans chacun des pays européens, l'infrastructure étatique constitue un facteur extrêmement important pour la maîtrise de la crise, a-t-il déclaré.
Là où il n'y a pas cette culture, dans les pays de système anglo-saxon en particulier, M. Hildebrand ne cache pas ses craintes, comme il l'a dit à la NZZ am Sonntag. Durant des années, les Américains ont affirmés que l'Europe doit prendre exemple sur eux en matière d'économie. L'orientation exclusive sur le marché des capitaux et la maximisation des gains à court terme devient maintenant un problème, selon M. Hildebrand.
L'Etat américain veut mettre de l'argent à disposition des entreprises, mais cet état a de la peine à trouver les canaux pour garantir que cette aide touche vraiment ceux qui sont concernés.
Au niveau global, le monde fait l'expérience d'un engagement des fonds publics comme cela n'a jamais été le cas et M. Hildebrand pense qu'au final, ce seront jusqu'à 20 billions de dollars qui seront mobilisés, ce qui représente 10 à 20% de la prestation économique mondiale.
Cela ne résout toutefois pas le problème de base: comment faire pour que l'argent arrive là où on en a effectivement besoin. Dans la pratique, a rappelé M. Hildebrand, on constate que l'argent se disperse dans les innombrables canaux de l'administration publique et du système financier. Selon lui, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis rencontrent à cet égard le plus de difficultés.
En Suisse en revanche, les mesures d'aide fonctionnent de manière exemplaire, a relevé M. Hildebrand. "On peut en être fier". Le pays profite d'une infrastructure financière efficace et d'un filet social exemplaire. Cette crise contredit tous ceux qui, durant des années, ont voué l'état social aux gémonies, a-t-il ajouté.
L'ancien président de la BNS ne craint pas des faillites d'états. C'est une chance que les taux d'intérêts soient actuellement proches de zéro. La plupart des états peuvent s'endetter sans frais et il n'y a donc pratiquement pas de limite à l'endettement.
M. Hildebrand n'a pas abordé la question de ses ambitions professionnelles. Certains font de lui un candidat pour la présidence d'UBS ou de Credit Suisse. "J'essaie d'ignorer ce genre de spéculations", a-t-il indiqué soulignant que ses activités actuelles ont la priorité.
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